dimanche 30 décembre 2012

Un ciel par jour (ou presque) : 30 décembre 2012


dimanche 30 décembre 09h54


Dans le rétro.


L’apocalypse promise depuis des lustres n’ayant pas eu lieu, 2012 peut s’achever en douceur.

Ici ou là vont fleurir les rétrospectives sur ce qui a fait l’actualité de cette année presque écoulée. Il est donc temps pour le petit bonhomme de donner un coup d’œil dans le rétro et de partager avec vous en quelques images les évènements qui l’ont marqué cette année.

- Bien sûr arrive en tête l’élection de François Hollande, septième président de la Vème République et le second de gauche, après François Mitterrand élu en 1981 et en 1988. Plus que les images du soir du 6 mai, ce sont d’autres images qui ont retenu mon attention, celles du 2 mai 2012. Un débat d’entre deux tours dans lequel chacun des candidats en lice avance son argumentaire ; classique ; jusqu’à ce que François Hollande martelant l’anaphore « Moi, Président de la République » n’égratigne son adversaire.


- 26 novembre 2012, début de la 28ème campagne des restos du cœur. L’accroissement de la très grande pauvreté devient très préoccupant en France, les destructions massives d’emplois, la grande précarité dans laquelle s’engluent les mères célibataires et phénomène émergent, le nombre sans cesse croissant de petits retraités ayant recours à la solidarité font dire à Olivier Berthe que la cantine de Coluche à « encore un bel avenir ». Pour mémoire les restos ont distribué cent quinze millions de repas en 2011. Et pendant que des étoiles aux pieds chaussés d’or s’ébrouent joyeusement sur la verte pelouse du Stade de France, une autre lutte est en cours, pas loin. Deux mondes se côtoient, s’ignorent.


- Plus loin de nous, un bidule nommé Curiosity foule depuis le 06 août le sol martien à la recherche de je ne sais trop quelles traces de je ne sais trop quoi qui aurait pu permettre l’apparition d’organismes vivants. Tout un programme...pour un machin qui aura couté 2,5 milliards de dollars (environ).


- 25 août 2012, Neil Armstrong, le premier homme à avoir posé le pied sur la surface de la lune, disparait. Un évènement lointain que ce 21 juillet 1969, j’avais deux ans et quelques brouettes et pourtant je m’en souviens, ou peut-être est-ce lié à un autre évènement ? J’associe toujours deux choses, cet homme si loin de nous et la rénovation d’une église à proximité de mon école maternelle, je sais, les deux faits n’ont rien à voir l’un avec l’autre et pourtant ils sont indissociables pour moi. A creuser...


- Sept morts dont trois enfants, six personnes blessées, tel est le lourd bilan de celui qui a été désigné sous le surnom du « tueur au scooter ». Un mois de mars 2012 qui aura été fatal à Mohammed Merah 23 ans. Cerné par le RAID, après une trentaine d’heures de siège, le meurtrier décède les armes à la main en djihadiste, abattu par les forces de l’ordre. Un nouveau martyr pour l’Islam radical ?


- Plus léger, Félix Baumgartner passe à la postérité en devenant le premier homme à avoir franchi le mur du son en chute libre après avoir sauté d’une altitude de 39 km le 14 octobre. Truc de fou, quand on pense qu’il m’arrive d’avoir le vertige en changeant une ampoule au plafond...


- On termine en musique. Comme vous, oui vous là, pas la peine de vous retourner, c’est bien de vous dont je parle ! et comme 1 077 111 387 autres zozos j’ai regardé Gangnam Style. Pas de commentaire. Un truc qui va passer de mode bien vite (j’espère).
Bon je disais on termine en musique. Oui, je sais, cette vidéo est sortie fin 2011, comme je ne l’ai découverte que début 2012 elle fera partie de cette rétro. C’est qui le taulier ? Je suis resté scotché des heures à écouter ces variations sur un même thème, pas mieux ni pire qu’autre chose, juste le son qu’il me fallait à un moment donné. Un son qui m’a encore accompagné pendant que je préparais ce billet.



Un billet qui est aussi l’occasion de souhaiter une très belle année 2013 à mes camarades de jeu.

dimanche 23 décembre 2012

Conte de Noël.


Les rideaux sont tirés, la pénombre habite depuis longtemps cette maison isolée en haut du village, oubliée.

Seules quelques flammes fatiguées et le halo timide de la lampe éclairent la vieille joue couverte de crin blanc que le fil du rasoir n’a pas caressé depuis l’autre dimanche. Les lentes volutes d’une cigarette posée s’accrochent aux fils tissés patiemment par l’araignée domestique.

L’homme est assis, immobile.

Sur ses genoux une vieille boite en carton aux couleurs passées, usées par le temps. Vingt ans que la boite n’avait pas été ouverte, il l’avait rangée ce matin là, ce même matin il avait arrêté le balancier de la pendule qui avait rythmé leurs heures communes.

Ils n’étaient pas nombreux ceux qui l’avaient accompagnée dans ce dernier voyage, le prêtre, quelques voisins aussi. Pas d’enfant, pas de parent non plus. Au retour, l’homme avait regardé longtemps la table de travail sur laquelle elle restait penchée pendant de longues heures ; il la voyait encore, attentive à pousser doucement l’aiguille, la tête un peu penchée sur l’ouvrage. Il entendait encore le bruissement ténu des ciseaux fendant la toile, il voyait encore les doigts graciles que l’âge avait rendus fragiles assembler les tissus précieux qui habilleraient les jeunes femmes quand elles iraient au bras du père s’agenouiller devant l’autel. Parfois, pas souvent, pour s’amuser un peu, elle sortait ses écheveaux de fils de coton de couleur et elle brodait les initiales des promis sur des torchons de toile rude.

L’homme, ce matin de Noël 1992, avait balayé la table d’un grand coup du plat de la main, il savait bien que la colère ne servait à rien et pourtant il n’avait pas réussi à retenir la violence de son geste. Puis il avait ramassé et rangé une à une dans le tiroir de la commode toutes ces choses qui lui rappelaient les heures passées. Maintenant il savait qu’elle ne viendrait plus doucement se pencher sur le haut dossier du fauteuil dans lequel il était accoutumé de lire, il savait qu’elle ne lui retirerait plus le livre tombé des mains pour le poser sur la table basse pendant qu’il dormait.

Il savait qu’il était seul.

Il avait continué pourtant de vivre lentement, n’ayant pour toute compagnie que le vieux greffier. Il avait occupé sa solitude à parcourir le monde en compagnie de ses auteurs préférés.

Cette boite de fils, il l’avait laissée au fond du tiroir de la commode pendant toutes ces années. Jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à ce matin de cet autre Noël. Il avait voulu revoir une fois encore les couleurs des cotons. Il voulait saisir une dernière fois les images presque effacées des heures précieuses.

Il voulait revoir les couleurs oubliées avant de fermer les yeux une dernière fois.

L’homme est assis, immobile.

Une larme s’est arrêtée au bord des crevasses creusées par le temps sur le vieux visage qu’un dernier sourire habille. De la main que le froid gagne petit à petit, s’échappent les fils de la mémoire.